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Les prix du blé tendre pris dans une spirale baissière

L’offre mondiale de blé, gonflée par l’arrivée des récoltes, assure un approvisionnement abondant qui pèse sur les prix.

Récoltes, concurrence accrue et climat diplomatique pèsent sur les cours.

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Les cours du blé tendre évoluent actuellement à leurs plus bas niveaux depuis douze mois. L’offre mondiale, gonflée par l’arrivée des récoltes, assure un approvisionnement abondant qui pèse sur les prix. Dans son dernier rapport, le département américain de l’Agriculture (USDA) confirme une récolte suffisante chez les principaux producteurs de l’hémisphère Nord.

Une récolte française avec des atouts pour l’exportation

La France n’est pas en reste. Le ministère de l’Agriculture a récemment relevé ses prévisions à 33,1 millions de tonnes (Mt), soit une progression de 29 % par rapport à 2024. La récolte de 2025 présente des qualités conformes aux principaux cahiers des charges, un atout décisif pour défendre les exportations. Toutefois, l’absence de l’Algérie, client historique qui privilégie désormais d’autres origines pour des raisons diplomatiques, prive la filière d’un débouché stratégique.

Dans ce contexte, les stocks français devraient atteindre en fin de campagne 3,9 millions de tonnes, un sommet inédit depuis vingt ans. Cette offre abondante exerce une pression accrue sur les prix, alimentée par des positions vendeuses records détenues par les fonds spéculatifs. Seule la récente baisse de l’euro face au dollar limite les pertes sans toutefois suffire à enrayer la spirale baissière.

Outre-Atlantique, les États-Unis exportent du blé à un rythme soutenu. En juillet, près de 8 millions de tonnes ont quitté les ports américains, un niveau proche des records de 2020. Après une récolte abondante, la baisse des prix à Chicago entretient une pression constante sur le marché français.

Récolte en mer Noire en demi-teinte

Traditionnellement, le mois d’août marque l’arrivée massive des chargements russes sur le marché mondial. Cette campagne présente un visage différent. Les prix des blés russes et ukrainiens s’affichent au-dessus des origines françaises, limitant la concurrence. La sécheresse qui a touché l’Ukraine et le sud de la Russie a réduit les volumes. Cependant, Moscou maintient ses prévisions grâce aux bonnes récoltes de blé de printemps dans le Nord. Les pluies récentes laissent toutefois planer des incertitudes sur la qualité finale.

Pour l’heure, l’approvisionnement des ports de la mer Noire est ralenti, contraignant certains pays importateurs à réorienter leurs achats vers la France. Ces difficultés pourraient toutefois n’être que passagères, et le retour des exportateurs russes et ukrainiens sur le devant de la scène mondiale dans les prochaines semaines risque de freiner toute velléité de rebond des prix à court terme.

Seul un événement climatique majeur dans l’hémisphère Sud semble aujourd’hui en mesure d’inverser la tendance. Pour l’instant, les blés australiens et argentins sortent doucement de leur dormance hivernale sans risque majeur. Enfin, le marché reste relativement indifférent aux tensions diplomatiques actuelles, réduisant de facto la prime de risque.

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